Samedi 22 janvier 2011 à 17:28

"Merci à vous. C'est pas comme à Avicennes, ils ont été affreux avec moi. Vous vous avez été gentils, tous, souriants, autant que vous êtes. Je reviendrai, quand j'aurai réglé tous mes problèmes.."
Oui et là, on est 12 dans votre chambre, à se que vous devriez suivre votre traitement, alors pourquoi n'écouteriez-vous pas les gens gentils et souriants autour de vous?

Samedi 22 janvier 2011 à 16:37

Après ma mini-crise en salle de dissection, on m'a demandé ce que je voulais faire. Je ne sais pas, pas vraiment. En tout cas, je crois ne pas vouloir être chirurgienne. Je n'ai rien contre, mais ce monde là est peuplé de gens ignobles (comme partout, certes. Mais ce métier est plus centré sur la lésion que sur la personne). L'an passé, j'étais en chirurgie orthopédique. J'ai été choquée par ce mec qui était un formidable chirurgien mais un homme affreux. N'oublions pas qu'en médecine, on se retrouve face à des gens. Des gens qui en général, ne vont pas bien, sont désorientés, ont peur, se sentent inférieurs à nous, ne serait-ce que par le niveau de connaissance. En fait, j'ai la trouille, d'être comme lui, de balancer à une femme dépressive "bah faut maigrir, vous êtes grosse", avec un manque de tact énorme, ou encore de jouer à me moquer des patients. J'ai la trouille de devenir quelqu'un d'autre en évoluant dans cet univers...
 

Vendredi 21 janvier 2011 à 23:12

Aujourd'hui, j'ai appris à devenir une professionnelle de la santé plutôt qu'une spectatrice. Je suis devenue, un peu, actrice de mes études. Il aura fallu un discours de monsieur D. pour comprendre que c'est pas des conneries. Que chaque étape de ces fichues études sera une épreuve, dont on ressortira grandis : notre premier face à face seuls avec un patient, nos premiers diagnostics... Qu'on aura des vies entre les mains, que les patients seront  le plus souvent, désagréables, chiants, moches, gros, crasseux. On sera face à des gens dont l'état se dégrade, face à qui on se sent nuls, incompétents, impuissants. Et là, il ne faudra pas tourner le dos, ni retenir notre souffle. Il faudra être des professionnels. Merci monsieur D.

Jeudi 20 janvier 2011 à 23:33


Ces études, on les choisit par passion, par vocation, par choix, par pressions extérieures. Je crois que je les ai choisies un peu comme ça, à la suite d'une révolte contre les lacunes de la médecine, contre la maladie, contre la mort. Et puis, on fait nos premiers pas dans les bâtiments pour arriver en P1 (désormais PAES), lâchés dans la fosse aux lions où se déroule un combat digne d'un combat de gladiateurs. On est tous là, face à face, en sachant que notre voisin ne sera pas pris, ou alors qu'on restera sur le tapis. Et puis alors, on se bat. Face aux autres, mais surtout face à nous même. On veut réussir, pour ne pas recommencer une deuxième fois cette année sans oxygène. C'est une endurance d'apnée, sans sorties hors de l'eau, à gober comme des poissons des lignes et des lignes de cours. A apprendre une deuxième langue : le langage médical. On s'en sort, grandi ou délabré. Je crois que j'ai réussi le premier choix, en réussissant du premier coup. Il paraît, que c'est pire après, alors ça fout un peu la trouille. On vit puissance mille, en attendant...

Jeudi 20 janvier 2011 à 23:07

En écrivant ici, je m'autorise une sorte d'exutoire. C'est un journal de bord, d'une troisième année en médecine, d'une Coloriée, des doutes. C'est le journal de mon quotidien, en quelque sorte, avec quelques réflexions. Vous y trouverez aussi probablement mes rêves, des histoires, des je ne sais quoi. Quoiqu'il en soit, installez-vous, exprimez-vous, et soyez les bienvenus.
Je ne sais pas trop ce que sera le contenu exact de ce Blog, je ne prétends pas connaître la vérité, j'espère juste pouvoir mettre des mots sur mes interrogations et observations.

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